samedi 4 juillet 2009

Prix d'Architecture 2ème Bachelier


Une question de point de vue

De la fraîcheur candide d' Emilie Yannoudis à la noblesse enjôleuse de Santiago Giusto, nos deux lauréats semblent de prime abord ne rien avoir en commun.
Une question de point de vue.

D'abord.

D'abord, il y a...... la phénoménologiste qui, à la manière de Jacques Prévert, fait frénétiquement l'inventaire maladroit de petites anecdotes spatiales, toutes situées dans le paysage fleuri de ses perceptions sensibles. Le fil rouge tient de l'accumulation, fragile, un peu brouillonne, de situations construites évanescentes aux doux parfums de promesses.

Il y a de la gaieté lunaire dans le cœur d'Emilie.

Et puis il y a l'aîné, l'expressionniste abstrait au geste puissant dont les postures cambrées jettent au mur des idéologies les couleurs violentes de ses préoccupations philosophiques. Le fil rouge pourrait être d'Ariane, tant la perdition est proche dans le labyrinthe hermétique de sa pensée confuse.

Il y a de la gravité solaire dans l'esprit de Santiago.

Comment, me direz-vous, comparer dès lors de la dentelle de Bruges à du béton brut de décoffrage?

Une simple question de point de vue.

Et, en tous les cas, par l'angle du processus qui, dans les deux cas, convoque un parcours itératif hyper engagé pour aider à comprendre comment un tâtonnement inquiet peut aboutir à une synthèse aussi claire que celle dont témoignent les deux projets de nos lauréats de 2ème bachelier.

Que ce soit en partant du micro point de vue de la particularité du programme (Emilie) ou du macro angle d'attaque des conditions urbaines (Santiago), les deux propositions expriment avec excellence la cohérence d'un projet composé en fonction de ses ambitions et de ses enjeux singuliers, et cela jusqu'aux choix adéquat et précis des moyens mis en place pour les communiquer.

Emilie fait du respect des impositions parcellaires un paradigme fondateur de la compacité de son projet architectural pendant que Santiago convoque sa transgression déployée pour définir le sens de la réécriture statutaire de ses espaces publics.

Le projet d'Emilie tient de la chimère par la superposition assumée de deux typologies explicites et référentielles, celle de la promenade architecturale et de ses séquences pour la partie communautaire du programme et du patio centripète pour sa partie privée tandis que celui de Santiago déroule sa complexité volumétrique et spatiale en « système » ouvert et contextuel sur une nouvelle partition urbaine.

Il y a de gaieté lunaire dans le coeur d'Emilie et de la gravité solaire dans l'esprit de Santiago.
Qu'ils en soient remerciés!

Le jury a été particulièrement impressionné par le degré d'investissement des deux projets.

C'est pourquoi il a décidé de leur attribuer, à l'unanimité, le prix d'architecture de deuxième bachelier.

Ex aequo.

Marc Mawet, coordinateur de l'unité

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